Datura

C’EST QUOI ? A QUOI CA RESSEMBLE ?

De la famille des solanacées, le datura (dont il existe différentes espèces : burgmansia, inoxia, stramonium) est une plante toxique. Elle renferme différents alcaloïdes (l’hyoscyamine, scopolamine, atropine) qui en font un hallucinogène très puissant.

Noms utilisés : Herbe du diable, Herbe au sorcier, Pomme folle, Pomme poison, Trompette de la mort, Jimson weed…
Présentation : arbuste aux fleurs en forme de trompette, de couleur blanche, jaune orangé, bleue.. et aux fruits ovales et épineux remplis de graines noirâtres.
Forme de consommation : toute la plante, mais surtout les graines contenues dans le fruit sont psycho-actives. Les graines, feuilles et racines du datura peuvent être mangées, fumées ou bues en infusion.
Le dosage est extrêmement difficile et le risque d’overdose est important.

EFFETS RECHERCHES

Quelque soit la substance consommée, les effets dépendent à la fois du produit (dose, pureté…), de l’individu (ses attentes, son accoutumance, sa fréquence d’usage, son mode de consommation, ses caractéristiques psychiques et physiques…) et de l’environnement dans lequel se passe la prise. Le datura est un hallucinogène naturel extrêmement puissant, ses effets sont difficilement prévisibles et varient beaucoup d’une personne et d’une prise à l’autre.

Ce produit est également considéré comme « délirogène » du fait de la violence de ses effets :
Hallucinations pourvant concerner les 5 sens (mélange de couleurs, distorsion et animation d’objet, sensation de pouvoir voler, vision d’animaux, d’objets, de personnes inexistantes) – intense dépersonnalisation – extrême confusion mentale – perte de la notion du temps et de la réalité – troubles de la vision, du language.
Le trip sous datura est souvent comparé à une expérience de folie non contrôlée.

Comme la plupart des substances psycho-actives, la prise de datura comprend 3 phases :
Montée : plus ou moins longue en fonction du mode de consommation
Plateau : trip long à très long en fonction des quantités absorbées : de quelques heures à plusieurs jours
Descente : longue et souvent difficile. La disparition totale des effets et le retour à la normale peuvent parfois nécessiter jusqu’à une semaine voire plus.

LES EFFETS C’EST AUSSI

Au niveau physique :
Blocage de l’action inhibitrice de l’acétylcholine (neurotransmetteur) = le système nerveux s’emballe = augmentation de la tension artérielle, accélération du rythme cardiaque + dilatation importante des pupilles – vertiges – migraines – troubles difestifs et rénaux – sécheresse des muqueuses – fièvre – crispation musculaire.
L’atropine et la scopolamine ont des effets amnésiants = trous noirs fréquents quant au vécu du trip
(jusqu’à 80 % de l’expérience oubliée).

« BAD TRIP »

Etat dominé par la peur (voir peur panique), confusion, sensation effrayante de perte de contrôle ; l’environnement entier devient
angoissant. C’est le risque majeur pour toute consommation d’hallucinogènes même chez une personne initiée. Les bad trips provoqués par les hallucinogènes peuvent avoir des conséquences graves à court terme (tentative de suicide, actes violents) mais également à moyen et/ou long terme (traumatismes irréversibles et/ou troubles psychiques durables).

Conseils face à un bad trip : surtout ne pas laisser la personne seule, garder son calme pour ne pas la paniquer davantage, la mettre au calme (un changement d’environnement peut être bénéfique), lui rappeler qu’elle est sous l’effet d’une drogue qui va se dissiper, ne pas être oppressant, éviter de la contredire….

« Flash-back » ou « retour de trip » : réminiscence des effets hallucinogènes du produit alors que le sujet n’est plus sous l’influence de celui-ci. Généralement brefs, ces « flash back » peuvent survenir chez certains consommateurs, des jours, des mois après la prise.

RESTER PERCHE AUX HALLUCINOGENES

(champis, LSD, 2CB…)
Bien que cela arrive rarement, il est possible de « rester perché » suite à une prise d’hallucinogènes. Cela signifie que la personne, plusieurs jours après sa consommation, n’a pas retrouvé son état de conscience d’avant la prise et ne colle plus vraiment à la réalité. Ces troubles psychiques sont graves. Ils semblent survenir d’autant plus chez les personnes dans un état de fragilité psychologique.

Que faire si un(e) pote est resté(e) perché(e) ? Il est important que la personne soit prise en charge médicalement, par des services
compétents, dans les plus brefs délais (le premier mois idéalement), certains troubles peuvent se régler s’ils sont pris en charge
précocement. Cette situation est très éprouvante pour l’entourage du pote en question (famille, amis, collègues…). En effet, il est souvent particulièrement difficile d’admettre la réalité de cette situation et de ce changement pour les proches.

ACCOUTUMANCE ET DEPENDANCE

« Accoutumance = tolérance (physiologique ou produit) + dépendance »
Tous les produits psycho-actifs peuvent engendrer une dépendance psychologique et /ou physique. La dépendance dite
« psychique » estdue aux liens complexes qui se tissent entre l’usager (ses attentes, ses manques, ses désirs), le produit et le contexte de vie. La dépendance dite « physique » est directement corrélée à un besoin physiologique pour soulager le corps face au manque du produit. La dépendance s’installe bien souvent avant que l’usager ne s’en rende compte.

Dans le cas du datura, la toxicité élevée de la plante rend impossible les phénomènes de tolérance ou de dépendance physique et psychique.

SURDOSE / OVERDOSE

Définition:
Intoxication qui peut survenir à la suite d’une consommation excessive du produit ou à la présence d’un produit de coupe
particulièrement toxique pouvant aller jusqu’à l’arrêt des fonctions vitales de l’organisme.
La consommation de datura comporte un risque important d’overdose : les agents psycho-actifs de ce produit sont mortels à une dose très proche de celle provoquant les effets hallucinogènes.

En cas de surdose :
Principaux risques = empoisonnement lié à un dysfonctionnement des reins, dépression respiratoire, arrêt cardiaque).
Les quantités de principe actif du datura sont très variables (notamment en fonction des différentes variétés, des saisons, des parties de la plante), il est donc très difficile de doser le produit.

En cas d’overdose :
Restez calme. Mettre la personne en Position Latérale de Sécurité (sur le côté) pour éviter l’étouffement, prévenir les secours
(15 SAMU, 18 Pompiers, 112 depuis un portable même sans crédit). Seules infos nécessaires : l’état de
la personne + lieu précis où elle se trouve. Une fois le personnel médical sur place, signalez lui les produits consommés, il est tenu au secret professionnel.

POUR REDUIRE LES RISQUES

Etre en bonne condition physique et mentale (fatigue, déprime ou faiblesse psychologique peuvent transformer le voyage en cauchemar !) A chaque nouveau produit, son test : une demi dose suffit pour tester les effets. En cas de doute sur l’efficacité du produit, toujours espacer les prises d’au moins 2h permet d’éviter une montée violente et/ou la surdose.
Restez très vigilant sur les quantités ingérées (ne prendre que peu de produit par prise). Les effets délirogènes peuvent pousser à des actes inconsidérés. L’environnement entier peut représenter un danger dans des états altérés de conscience. Autant que possible choisir un lieu calme et dont l’environnement présente le moins de danger pour effectuer la prise. Rester vigilant, la proximité d’étendue d’eau, de précipice, de feu, la forte attirance pour les hauteurs (envie de grimper aux arbres, se pencher aux fenêtres…) provoqués par la prise d’hallucinogènes augmentent considérablement les risques d’accidents corporels. Etre accompagné de personne(s) de confiance, de préférence expérimentée(s) et si possible et qui ne partage(nt) pas le même voyage permet d’éviter les accidents. Tout mélange avec d’autres substances (alcool, tabac ou autres psychotropes) potentialise les dangers du datura. Autant que possible prévoir un temps de repos suffisant après la prise pour récupérer. La consommation de produits psycho-actifs entraîne une modification des perceptions, de l’attention, de la concentration… Restez vigilant lorsque vous devez entreprendre des activités à responsabilités surtout lorsqu’elles impliquent les autres. Fais tes choix, ne les impose pas aux autres ! La consommation de datura est très fortement déconseillée en cas de problèmes rénaux, cardiaques ou troubles/faiblesses psychologiques.

RAPPEL
En France, l’usage et la détention de drogue sont interdits et sévèrement punis par la loi (les peines encourues pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 500 000€ d’amende cf : code pénal et code de la santé publique.

ENJEUX
L’interdit légal génère des risques spécifiques. En effet, le prix des drogues fixé par les dealers est élevé, certains usagers parviennent à gérer leur consommation, d’autres, pour faire face au coût de celle-ci, commentent des délits. De plus, par le seul fait que la consommation soit illégale, le consommateur qui souhaiterait avoir accès aux soins (autres que le sevrage) peut rencontrer des difficultés. Enfin, les réactions de rejet de l’entourage (famille, conjoint, ami-e-s, collègues, employeurs…) peuvent provoquer l’isolement social du consommateur. La répression de la consommation empêche par ailleurs un contrôle de la qualité des produits et produits de coupe qui peuvent représenter de réels dangers.